Last weekend in Los Angeles
Samedi 28 septembre - Getty House
Jean Paul Getty a fait fortune grâce au pétrole. En 1966, le Livre des Records le désigne comme l’homme le plus riche du monde. En 1976, au moment de sa mort, il possède 6 milliards de dollars, soit 21 milliards de nos jours. Getty était aussi un collectionneur passionné, ce qui l’amena à créer une fondation culturelle en 1953.
Après avoir vécu à Rome dans sa jeunesse, Getty est resté un fervent admirateur de l’Antiquité. Afin de rassembler son impressionnante collection, il a fait construire une réplique de la villa des Papyrus qui avait été construite à Herculanum. La maison dans laquelle il vivait se trouve juste derrière la villa qui est aujourd’hui un musée ouvert au public.
Un voyage dans l’Antiquité
L’intérieur de la villa abrite des œuvres antiques. Nous trouvons l’art égyptien, grec, romain…
Je suis particulièrement touchée par les fragments de poteries ou de sculptures. Je trouve émouvant d’être en présence d’un témoignage de la vie qui a traversé plus de deux mille années. Ce bout d’histoire humaine a miraculeusement échappé à la disparition et nous invite à l’imaginer dans le contexte de son époque.
Les Portraits du Fayoum
Il y a quelques années, j’avais suivi un stage d’encaustique chaude et froide avec Mickaël Greshny. J’avais beaucoup apprécié le maniement de l’encaustique chaude utilisée pour la représentation des portraits funéraires du Ier au IIème siècle en Égypte.
Ces portraits étaient insérés dans les bandelettes de la momie au niveau du visage. Face à ces oeuvres, j’ai l’impression que la personne décédée il y a 20 siècles me regarde… Quelle fascinante proximité ! Nous pourrions presque nous parler…
Un goût de Paradis
Après avoir passé la matinée à la villa Getty à Malibu, je me rends au Getty Museum à une demi-heure en voiture, dans le quartier de Brentwood. Je gare ma voiture et je prends le tram qui nous amène jusqu’à l’édifice blanc qui se situe sur un promontoire… L’arrivée est magistrale et je suis charmée par le jardin qui déploie toutes ses couleurs sous le soleil de Californie ! C’est un paradis !
Je déjeune sur une des immenses terrasses qui surplombent Los Angeles et offrent une vue époustouflante sur la ville ! Soit dit en passant, la Getty House et le Museum sont gratuits…
Du Moyen Âge à nos jours
Le musée abrite la collection de Jean Paul Getty, répartie dans quatre pavillons, correspondants aux quatre points cardinaux. Ici, l’ambiance est à la détente ! Rien de guindé ou d’intellectuel… Les gens se promènent entre le jardin et les pavillons, s’arrêtant sur les nombreux bancs à disposition pour contempler, méditer, discuter ou se reposer les pieds ! En effet, le site est immense !
Les pavillons sont accessibles de l’extérieur, si bien que j’ai l’impression que les œuvres sont exposées en plein air ! Je n’ai pas l’impression d’entrer dans un musée mais de prendre le soleil en admirant des tableaux ! Fabuleux !
Portrait de Jeannne Kéfer
Ce tableau a été peint par Fernand Khnopff en 1885. J’aime cette petit fille seule dans laquelle je me reconnais. Je suis touchée par la délicatesse de ses traits, l’harmonie des couleurs et son regard.
Le regard est ce qui m’émeut le plus chez une personne. Ce n’est pas que l’aspect esthétique qui m’attire mais avant tout l’expression. Cette enfant vêtue comme une petite fille modèle a un regard déterminé qui me parle. Elle semble faire face à l’existence et plonge ses yeux dans ceux du spectateur.
J’ai envie de m’inviter dans le tableau et de lui donner la main pour faire un bout de chemin avec elle !
The Short Story
Jean-Paul Getty a été l’homme le plus riche du monde pourtant il a refusé de payer la rançon de 17 millions réclamée pour l’enlèvement de son petit-fils. En effet, en 1973, une organisation mafieuse de Calabre enlève John Paul Getty III alors qu’il réside en Italie. Dans un premier temps, Getty refuse de payer cette somme de peur que cela incite à l’enlèvement d’autres descendants de sa famille. Ce n’est que lorsque son petit-fils a l’oreille coupée que Getty finit par accepter de payer 3 millions de dollars dont 2 millions étaient déductibles d’impôts. Il fournit les 800 000$ restants sous la forme d’un prêt remboursable par son fils avec 4% d’intérêts.
Et si le luxe véritable et le début du bonheur était de ne pas avoir peur ? Il me semble que la peur nous rend misérables. Elle fait de nous des mendiants en quête de réassurance et rétrécit nos pensées et nos actions. Derrière les apparences, Getty était-il un enfant terrorisé par la peur du manque ? Et nous, de quoi avons-nous peur ?
Dimanche 29 septembre - Norton Simon Museum
Le Norton Simon Museum porte le nom d’un milliardaire américain qui a investi dans de nombreuses sociétés dont Canada Dry et Avis. Il était aussi un philanthrope passionné d’art qui a soutenu de nombreux musées. Une grande partie de sa collection se trouve ici, à Pasadena, au nord de Los Angeles.
Ce dimanche une magnifique journée d’été illumine le jardin du musée où se cachent des sculptures abstraites qui m’ont beaucoup amusée ! Elles m’ont fait penser à des totems futuristes…
L’excellence
Le Norton Simon Museum présente une collection extraordinaire des plus grands peintres de l’histoire de l’art européen. Une large part est faite aux artistes français et, en particulier à Edgar Degas avec une salle qui lui est attribuée. Pour ma part, je suis comblée de croiser un tableau d’Elisabeth Louise Vigée Le Brun !
Elisabeth Louise Vigée Le Brun
J’aime beaucoup la peinture de cette artiste au destin hors du commun. Née à Paris en 1755, elle a peint les monarques les plus puissants de son époque, dont Maire-Antoinette. La Révolution Française et sa proximité avec la cour l’entraîne à fuir la France. Pendant de nombreuses années, elle a parcouru l’Europe avec ses enfants, accueillis dans les palais les plus prestigieux.
Ici, Elisabeth Louise a peint la Comtesse Kinsky à Vienne en 1793. Je ne me lasse pas de contempler le rendu exceptionnel des tissus et la délicatesse des détails ! Quelle grâce ! Quel talent ! La peinture de cette artiste insuffle un mouvement et une légèreté aux sujets représentés.
J’adore !
Autoportrait
Elisabeth Louise était d’une grande modernité, indépendante et libre. Elle a été célèbre de son vivant ce qui lui a permis de gagner confortablement sa vie… Une exception pour une femme au XVIIIème siècle. De plus, l’artiste a crée un style vestimentaire qui a changé les codes de la mode à la cour de France et au-delà. Aujourd’hui, nous la qualifierions d’“influenceuse” et d’“inspirante”… Elle a forgé sa notoriété grâce à des banquets qu’elle organisait chez elle. Au cours de ses dîners, la vivacité de son esprit, son humour, sa beauté, sa culture et ses tenues innovantes charmaient le “Tout Paris”.
Elisabeth Louise avait opté pour des tissus fluides de couleur blanche qu’elle enroulait dans ses cheveux ainsi que des robes amples et légères. Elle ne portait pas de perruque mais laissait ses cheveux au naturel… Elle se situait à l’opposé des perruques, des corsets et des crinolines que son époque proposait aux femmes !
Quelle liberté et quelle créativité !
Last sunset in LA…
Sur ces magnifiques oeuvres d’art s’achève mon séjour à Los Angeles ! Mardi 1er octobre s’ouvre un nouveau chapitre à la découverte du désert jusqu'à Las Vegas ! Je pars la tête vibrante de couleurs, de joie et de vie, les yeux inondés de soleil !
Goodbye California Dream and…