Santa Fe

"Enchanting !"

 

 

Du 29 août au 5 septembre

East Palace Avenue

 

Je suis arrivée mardi 29 août après 20h de vol et 8h de décalage horaire. La nuit était tombée sur Santa Fe et Fred m'attendait à l'aéroport. Quel réconfort d'avoir quelqu'un qui m'accueille dans un pays étranger ! Nous avons un peu bavardé puis nous sommes allés nous reposer.

Le lendemain matin Fred m'a montré les principaux endroits de Santa Fe et et j'ai pu faire des courses. Ensuite, il est reparti dans le Colorado rejoindre Robin, son épouse. J'ai alors gouté le silence de la maison et sa fraîcheur, East Palace Avenue.

Un paradis !

 

 

Jeudi

Santa Fe Downtown

 

Je pars à pieds de la maison de Fred et Robin pour découvrir le centre de Santa Fe, une dizaine de minutes plus tard. La première impression est le calme et la détente. Je croise des gens qui promènent leurs chiens ou qui font du sport... Ils me sourient et me disent "Good Morning !". Évidemment, je ne les connais pas... Je suis enchantée de ces salutations inattendues qui inaugurent ma journée. 

Mes yeux sont ravis par les couleurs d'adobe des maisons, le vert de la végétation et le bleu du ciel. Elles s'épanouissent dans une lumière pure. Je suis étonnée par la propreté des rues et l'harmonie qui y règne. Je m'attarde dans la cathédrale Sant Francis et je fais connaissance avec un bénévole qui accueille les visiteurs. Ce vieux monsieur me donne un grand nombre d'informations sur Santa Fe. Il me dit que sa femme et lui sont là tous les jeudis matins et que je peux venir les voir si j'ai besoin d'aide.

Je suis touchée par sa gentillesse !

 

 

Vendredi matin

Madrid

 

J'emprunte la Turquoise Trail. Cette route permet de joindre Santa Fe à Albuquerque, la plus grande ville du Nouveau Mexique. Après quelques miles dans le High Desert, au sud de Santa Fe, j'aborde la montagne. Je suis fascinée par ces paysages qui me rappellent ceux des westerns que je regardais avec mon père quand j'étais enfant. Dans ces étendues règne le silence d'une nature qui s'impose de part son immensité.

J'arrive à Madrid en milieu de matinée sous un vigoureux soleil. Cette communauté minière au XIXeme siècle s'est muée en village d'artistes dans les années 70. Aujourd'hui, il en compte environ 200 artistes dont les galeries bordent la rue principale. Mes yeux sont enchantés par les couleurs vives des maisons et la créativité qui se déploie. Chaque façade exprime joyeusement son originalité.

 

 

 

Soir

 

Chaque année, Santa Fe brûle Zozobra ou Old Man Gloom qui inaugure Las Fiestas. L'incendie de Zozobra date de 1924, lorsque un artiste a fait brûler une marionnette dans son jardin lors d'une fête avec ses amis.

Cette marionnette de 15 mètres de haut incarne la tristesse, l'anxiété et toutes les perturbations. Quelques semaines avant l'évènement des "boites de tristesses" sont placées dans les centres d'accueil de la ville. Ceux qui le souhaitent peuvent écrire le motif de leurs troubles. il est aussi possible de déposer dans la "tente sombre", tous les documents juridiques dont on veut se débarrasser.

Les contenus de la boîte à tristesse et de la tente sombre seront brûlés  avec Zozobra à la nuit tombée Les soucis de l'année précédente partent ainsi en fumée et chaque habitant de Santa Fe peut célébrer la joie retrouvée.

 

 

 

Samedi matin

 

A l'occasion de Las Fiestas, la Plaza accueille artistes et artisans locaux. À l'ombre des arbres, je flâne de stand en stand, éblouie par les couleurs et l'originalité des œuvres exposées. Je suis séduite par les peintures d'une artiste qui ont pour sujet les natifs américains. En discutant avec elle, j'apprends qu'elle a des origines indiennes de part sa mère. Elle ajoute que ses peintures sont appréciées des indigènes car elles les représentent avec respect. A mes yeux, cette artiste rehausse leurs beautés naturelles grâce à ses couleurs.

En m'éloignant un peu de la Plaza, j'arrive à Canyon Road, la rue des artistes de Santa Fe. L'endroit où se trouve plus d'une centaine de galeries et d'ateliers. Contrairement à Madrid, visitée la veille, où les couleurs et la fantaisie de chacun créent de vifs contrastes, Canyon Road expose du Fine Art. Je suis charmée par les œuvres exposées à l'extérieur et notamment ces animaux colorés et fantaisistes. Je sais que je ne suis qu'au début de ma découverte des talents artistiques dont regorge Santa Fe !

 

 

 

Soir

 

Le soir, j'assiste à un spectacle au Cabaret Benitz. Je n'avais pas vu de danseurs de Flamenco depuis bien des années. J'ai retrouvé l'émerveillement de mon enfance devant la beauté des danseuses et le flamboiement de leurs robes. La Emi est une célébrité à Santa Fe... Et je comprend pourquoi... Elle est magnifique !

 

 

 

Dimanche

 

Je visite le Museum  of Contemporary Native Arts de Santa Fe. Le rez-de-chaussée est consacré aux œuvres de Jean LaMarr et le premier étage aux bijoux. Je suis séduite par les couleurs et les motifs traditionnels des bijoux mais surtout par les peintures de Jean LaMarr. 

Née en Californie en 1945, Jean LaMarr est surnommée Pahime Gutne (Purple Flower gril). Elle défend les femmes et ses racines indiennes à travers ses créations. Elle a une prédilection pour la peinture murale et les estampes : "L'art ne devrait pas être réservé aux musées ou aux riches, il devrait être pour tout le monde et dans la maison de chacun. C'est pourquoi j'ai commencé à faire des peintures murales. C'est aussi pourquoi je me suis lancée dans la gravure. C'est un moyen de rassembler les esprits, un moyen de sensibiliser à ce qui se passe sur la terre, les droits des Indiens et la femme indienne. »

Bravo !

 

 

Lundi

 

Au petit matin, me voilà partie pour Sandia Crest, la montagne qui surplombe Albuquerque. Tout le long du trajet, les paysages m'émerveillent. Dans un premier temps, je prends le téléphérique à la sortie d'Albuquerque. L'hiver il permet aux skieurs de rejoindre les pistes. En effet, dans cette partie du Nouveau Mexique, le temps est très chaud en été et froid en hiver.

Après avoir pris quelques photos, je redescends et contourne la montagne pour rejoindre Sandia Peack Crest,  sur la route sur la Turquoise Trail. Je passe du High Désert, dans la plaine, à la montagne. Il peut y avoir plus entre 20 et 30 degrés d'écart entre ces deux points. Ces contrastes me fascinent ! Ils libèrent en moi un espace insoupçonné. Devant cette immensité, je respire... Il me semble que tout est possible !

 

 

Du 5 au 12 septembre

 

Mardi

 

Je suis à Santa Fe depuis une semaine. Le temps passe vite ! J'ai hâte de découvrir l'arrière pays et, en particulier, les villages indien. Je m'arrête tout d'abord à Chimayo, à une demi-heure de route de Santa Fe. Dans ce village aucune connexion à Google Maps. Je tourne en rond à la recherche du Sanctuaire... Sans succès ! Je décide de prendre quelques photos avant de repartir.

Je m'arrête au bord de la route, au hasard, et je descends de voiture... Là… Oh ! Surprise ! J'entends parler français ! C'est tout à fait surprenant car Chimayo est un village typique qui n'a rien de touristique et qui se trouve dans la rase campagne. Étonnée, je me dirige vers la voix. Sur sa terrasse, je vois un homme... Je l'interpelle en lui demandant s'il est français... Il me dit que oui et vient m'ouvrir. J'entre chez lui... Il m'explique qu'il est peintre et vit depuis 25 ans aux États-Unis. Il a la nationalité américaine. Marguerite, qui est hollandaise et guide aux États-Unis, sort de la salle de bain. Elle est une amie de François. Je passe un moment avec eux en discutant de toutes les merveilles dont regorge la région, tout en sirotant un thé, à l'ombre de la terrasse.

Je leur explique qu'avant de partir au Nouveau-Mexique j'avais passé une semaine de prière avec Saint-François-d'Assise pour qu'il me guide pendant mon voyage. Cette rencontre est le signe que Saint-François m'accompagne ! En effet, mon hôte se nomme François et il a chez lui une statut de Saint François ! Je suis comblée de joie !

Après une joyeuse discussion avec Marguerite et François, je reprends la route en direction de Taos, un village indien encore habité et que l'on peut visiter. Je suis sous le charme de ces maisons en adobe et de cette architecture en harmonie avec la nature. Ici, tout est calme. Le silence règne... Les bavardages inutiles se perdent dans l'immensité du ciel bleu. Je me sens bien... Assise à l'ombre, je contemple ce village ancestral.

 

 

 

Mercredi matin

 

Tôt, je prends la route de Chimayo pour me recueillir au Sanctuaire. La veille, François m'y avait amenée... Je pensais retrouver le chemin sans difficulté ! Eh bien non... Je tourne à nouveau en rond... Décidémment, Chimayo met ma foi à l'épreuve ! Je trouve enfin...

Quel récompense d'être là ! Le Sanctuaire de Chimayo est quasiment inconnu des touristes... Pourtant, il est un haut lieu de pélerinage aux États-Unis. Je suis éblouie par les couleurs des statues et des peintures ! Je ressens un grand calme... Dans l'Eglise se trouve une Kiva. Celle-ci contient de la Terre Sacrée ou Holy Dirt, lieu de culte pour les indiens. Cette terre a accomplit de nombreux miracles dont témoignent la multitude d'ex-voto (chaussures d'enfants et photos collées au mur).

Autour de l’Eglise, se déploient des chapelles. L'une d'elle est dédiée au Santo Nino de Atocha, érigée suite à un miracle. Ce culte trouve ses origines à Madrid, en Espagne, au XVème siècle. Je suis fascinée par le mélange et la superposition des cultures dans le temps. Chacune enrichit ce lieu de sa ferveur et de sa créativité !

 

 

 

 

Après-midi

 

Après m'être recueillie au Sanctuaire de Chimayo, je vais manger dans un restaurant indiqué par François, qui propose de la cuisine du Nouveau Mexique. Je suis ravie de trouver une oasis de fraîcheur dans la chaleur de midi. Un sympathique serveur prend ma commande. Je lui explique que je suis française et que je ne parle pas bien anglais. Après son départ, une dame s'approche de ma table. Elle a entendu ma conversation avec le serveur et me dit que sa grand-mère était française. Elle m'invite à manger à sa table. Quelle belle surprise de faire la connaissance d'Yvonne et de son mari, Léonard !

Nous discutons joyeusement en dégustant nos plats lorsqu'Yvonne me dit qu'ils vont voir un spectacle de Mariacci à 16h, au Lensic Performing Art Center de Santa Fe. Je lui dis que moi aussi je vais voir un spectacle de mariacci mais à 14h. Elle vérifie ses billets et se rend compte qu'elle s'est trompée d'horaire. Yvonne et Léonard me proposent de partir un peu en avance, ayant commencé à manger avant moi, et de me réserver un fauteuil au théâtre. Ils s'en vont. Je finis de manger et je prends la route. Hélas… Chimayo me jette encore un sort ! Je tourne en rond sans trouver ma route. Je finis par me présenter chez François et lui demande comment rentrer à Santa Fe. Je repars sans m'attarder.

En sortant de Chimayo, je traverse un désert de pierres... Un paysage incroyable comme je n'en ai vu que dans les films ! Je suis subjuguée et décide de revenir ici prendre des photos quand j'aurai plus de temps. J'arrive au Lensic avec 10 minutes de retard. Le spectacle a commencé et m'assoit au poulailler où restent quelques places libres. A l'entracte, je retrouve Léonard et Yvonne et m'installe confortablement dans les premiers rangs. Je goûte ce spectacle avec bonheur ainsi que l'ambiance communicative des mexicains présents dans la salle. Ils expriment leurs joies en poussant des cris en écho à ceux des chanteurs ! J'ai l'impression d'assister à une fête dans un village ! Cette décontraction est délicieuse !

 

 

 

 

Jeudi 

 

Je pars à la découverte du Bandelier National Monument à une heure de route au nord de Santa Fe. Dès mon premier pas, je suis émerveillée par la grâce du lieu qui fut autrefois habité par les Indiens. De leurs vestiges restent des Kivas et des habitations troglodytes. Ici aussi, je suis comblée par le silence qui règne. Sous ce clel immense, il semble que les mots soient inutiles. Dans cette vaste nature, l'homme est infiniment petit. L'infiniment grand s'épanouit. Il est palpable. Dieu marche à mes côtés... Et il rassemble les êtres qui ont plaisir à se retrouver !

Après la randonnée, je fais un pause dans le restaurant avant de reprendre la navette. Midi approche, il fait très chaud, j'ai soif et faim ! J'entre... Et je tombe sur Léonard ! Bienheureux que ce hasard nous rassemble, il me dit de faire la surprise à Yvonne qui mange dehors. Je sors... Après quelques secondes d'hésitation, Yvonne me reconnaît et m'accueille les bras ouverts ! Je suis heureuse d'être là !

 

 

 

 

 

Après-midi

 

Après mon déjeuner au restaurant du Bandelier National Monument, je prends la navette qui me ramène au parking. Je décide d'aller me détendre à Ojo Caliente. Ce village donne son nom au SPA ouvert en 1878. Il est un des plus anciens des Etast-Unis. Les indiens utilisaient les sources d'eaux chaudes depuis bien longtemps.

 

En arrivant, je suis séduite par l'environnement entièrement naturel. Les constructions sont en harmonie avec les montagnes qui imposent leur style. Le bleu du ciel prend toute sa place au-dessus des cinq bassins. J'apprécie particulièrement les bains de boue et de lithium dont la douce chaleur produit un effet apaisant immédiat.

 

Je savoure le calme du lieu en flottant sur les eaux...

 

 

Vendredi matin

 

Je prends la route du Sanctuaire de Chimayo pour y passer la matinée et assister à la messe. Je profite de la fraîcheur matinale pour prendre des photos de ce paysage qui m'avait ébloui quelques jours auparavant. La première fois que j'ai traversé ce désert, je m'étais sentie seule au monde ! Une légère angoisse m'avait étreint...

 

Ce matin, je reconnais les lieux et cette familiarité naissante génère confiance et paix... Je médite un instant sur ce changement de perception très rapide... Et je respire la brise fraîche du matin... De mon cœur monte un cri de joie... Dieu que j'aime ce paysage ! En cet instant, je me dis que je pourrai le traverser chaque jour de ma vie sans jamais m'en lasser...

 

 

 

 

Soir

Je vais admirer le coucher du soleil au belvédère Cross of the Martyrs. Ce lieu commémore la mort de 21 frères fransicains lors de la révolte des pueblos en 1680. Je suis très heureuse de retrouver le point de vue de Santa Fe que j'avais trouvé pour la première fois sur internet. 

Ce soir-là, les nuages s'amoncèlent annonçant la pluie. Elle tombe par averses pendant quatre jours. Les températures chutent. J'en profite pour me reposer de mes escapades et savoure la fraîcheur automnale.

Santa Fe est pleine de contraste et j'adore ça !

 

 

 

Du 12 au 19 septembre

 

Mercredi matin

 

Une brume épaisse m'accueille à mon réveil. J'aime cette ambiance hivernale où il fait bon s'envelopper dans un grand pull ! Fraîche et légère, je pars acheter des billets pour un concert de jazz et marcher dans Santa Fe. J'aime l'atmosphère de cette ville lorsqu'elle s'éveille. Les gens que je croise sourient, me saluent... Ils ne semblent pas affairés ou pressés... Pas plus que ceux qui ouvrent leurs boutiques ! Quel calme ! Quelle décontraction ! Les Indiens installent les bijoux qu'ils fabriquent sous les arcades de la Plaza... Hier, j'ai acheté une paire de boucles en turquoise à Anthony... Je les trouve magnifique et j'ai été très touchée par le sourire de ce monsieur !

 

Après ma petite flânerie, j'entre dans le New Mexico Museum of Art. Je tombe en amour devant les peintures représentants des Indiens. Je suis fascinée par ces visages qui me rappellent ceux des gitans dont je rêvais dans mon enfance... J'aime ces couleurs vives, ces contrastes, ces expressions... Une force dépouillée s'en dégage qui me touche profondément.

De tout cœur, je remercie le ciel de me donner à voir toutes ces merveilles et de pourvoir les partager sur cette page ! Saint François me guide pour que je vois la beauté des êtres ! J'ai envie de témoigner de cela encore et encore ! Ce monde est d'une beauté indicible ! Je suis au paradis !

 

 

13h00

 

Je retrouve Yvonne et Léonard à l'Izanami Restaurant pour un repas d'adieu. Demain, ils rentrent à Natchez dans le Mississipi. Je suis tellement heureuse de les avoir rencontré ! Yvonne et Léonard sont mes "bonnes fées" ! Grâce à eux, j'ai mangé des plats succulents dans une ambiance joyeuse et amicale ! Quelle chance !

Aujourd'hui, Rose, une amie d'Yvonne et Léonard se joint à nous. Avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance, elle s'efforce de parler lentement pour que je comprenne... J'en suis touchée. J'espère que nous nous reverrons à son retour de New York.

Rose part travailler. Yvonne, Léornard et moi finissons notre repas, un mélange savoureux et surprenant de cuisine japonaise et américaine. Une grande réussite ! Ensuite, Yvonne m'accompagne pour réserver un massage. En effet, TenThousand Waves est composé de l'Izazami Restaurant, d'un hôtel et d'un SPA. L'ensemble étant très réputé à Santa Fe. Enfin, nous voilà sur le parking et sous la pluie pour nous dire au revoir. Yvonne et Léonard m'offrent un cadeau. Je suis très émue d'être ainsi comblée d'attentions !

De toute mon âme, merci !

 

 

 

Jeudi

 

Je reviens à Ten Thousand Waves pour le SPA, cette fois. Dès mon arrivée, je suis accueillie par Yoast que j'avais vu la veille avec Yvonne. Une de ses collègues se joint à notre conversation. Char me dit combien elle aime la culture française et Stromae en particulier ! Je suis épatée qu'une américaine connaisse cet artiste francophone ! Nous partageons notre admiration pour ce chanteur aux multiples talents... Yoast m'explique le fonctionnement du SPA et me voilà en maillot de bain dans un bassin d'eau chaude sous un ciel bleu ! Je me détends en attendant mon massage... Le bonheur !

 

J'admire la propreté des lieux et la délicatesse des employés... Quand arrive l'heure du massage, je suis déjà aux anges ! J'ai choisi un soin au CDB, qui n'existe pas en France, à ma connaissance. La masseuse se dirige vers moi dans le salon d'attente.. Elle parle français ! Autre heureuse surprise ! Nous bavardons gaiement jusqu'à la maisonnette de bois qui lui est attribuée. Je m'allonge... Et là... Le bonheur atteint son apogée !

 

 

 

Soir

 

Je suis à nouveau au Lensic Performing Arts Center pour écouter un concert de jazz, cette fois. Je découvre Regina Carter, violoniste et son quintette... Mes oreilles s'ouvrent toutes grandes... Pulsation feutrée de la batterie, volutes de notes au piano, souffle profond du violoncelle, expression mutine du violon... Un délice de précision et d'harmonie emporté par la chaleur de la voix de Carla Cook ! Décidément, j'aime le jazz !

Je sens la présence heureuse de mon père. Il m'a fait découvrir le jazz et je me souviens de son enthousiasme lorsque nous allions à un concert... Ce soir, il bat la mesure à mes côtés et sourit aux accents virtuoses du violon de Regina Carter !

 

 

 

 

Vendredi

 

Jour de pluie... J'en profite pour visiter le New Mexico Museum of Art. Ce musée retrace les temps forts de l'histoire du Nouveau-Mexique depuis la préhistoire à nos jours. Je parcours une première galerie, attirée par les photos des visages exposés. Elles témoignent de l'époque où elles ont été prises mais aussi de l'histoire de cette région, liée à celle des États-Unis. 

 

L'expression des visages me happe. Il me semble qu'elle traduit ce que ces gens ont vécu. Je garde en mémoire cette dame indienne photographiée avec un homme blanc devant le drapeau américain. Cette photo m'évoque une phrase : "L'histoire est écrite par les vainqueurs". Le vent de l'histoire tourne vite... Qui sait qui seront les vainqueurs et les vaincus de demain ? 

 

J'entends souvent parler d'évolution... il me semble que la véritable évolution et révolution serait que nous cessions de nous faire la guerre, que ce soit à l'échelle d'un pays ou à titre individuel. Là, résiderait une victoire véritable tant l'objectif semble utopiste à atteindre !

 

 

Loretto Chapel

 

J'avais entendu parler d'un escalier miraculeux à Santa Fe... De quoi attiser ma curiosité ! Sous un soleil léger, me voilà en chemin pour Loretto Chapel à une quinzaine de minutes à pied de mon logement. J'entre dans cette charmante bâtisse et découvre son histoire...

 

En 1850, Monseigneur Lamy décide ce créer une école pour filles. Les Sœurs de Loretto répondent à son appel. Après un voyage difficile, elles arrivent à Santa Fe. En 1873, les Sœurs emploient des architectes français pour construire la chapelle basée sur les plans de la Sainte Chapelle à Paris. Malheureusement, l'architecte décède avant que l'accès au chœur ne soit construit. Les Soeurs entament alors une neuvaine dédiée à Saint Joseph, parton des charpentiers pour lui demander de l'aide. Au neuvième jour, se présente un charpentier munit seulement d'un marteau et d'une équerre. Le bois rare qu'il utilise pour l'escalier n'est pas de la région. Une fois son travail achevé, le charpentier disparaît sans laisser de trace et sans demander de paiement. Les Sœurs cherchent alors un compte ouvert chez les fournisseurs de bois locaux, sans succès. Certains pensent que le charpentier était Saint Joseph lui-même.

Cet escalier est un modèle de prouesse technique. Il comporte deux virages à 360 degrès sans poteau central. Tout le poids repose sur l'escalier du bas. D'après ce que j'ai lu de nombreux experts ont analysé ce procédé de construction sans en élucider le mystère...

 

 

Samedi

 

Sur la Old Trail qui part du centre de Santa Fe vers la montagne, se trouve Museum Hill qui regroupe cinq musées. Je me gare sur le parking et gravit quelques marches. J'arrive sur une esplanade dont les deux côtés opposés sont occupés par le Museum of Indian Arts & Culture et le Museum of International Folk Art.

Après avoir visité le premier musée, je me promène sur le site qui bénéficie d'une vue magnifique. De l'esplanade part un chemin de randonnée dans la montagne. Je marche un peu sous un soleil de plus en plus ardent. Au bout de quelques mètres, je suis curieuse de savoir si je peux accéder à un panorama sur la plaine. Je croise une dame et un jeune homme avec un chien. Je leur pose la question. Laura m'indique des endroits autour de Santa Fe qui offrent une belle vue. Son fils, Jonathan me propose de m'assoir sur un banc pour admirer la montagne. C'est vrai qu'elle est belle ! Après cette discussion sous une chaleur intense, je suis heureuse de retrouver la fraîcheur du second musée. 

Je repars les yeux scintillants de toutes les merveilles que j'ai contemplé !

 

 

 

Dimanche

 

Je visite le musée d'une peintre très célèbre au Nouveau-Mexique, Georgia O'Keefe. Née en 1887 dans le Winsconsin, elle est décédée en 1986 à Santa Fe. J'ai entendu parlé de son travail à plusieurs reprises et notamment de paysages qu'elle a peint à Abiquiu, au nord de l'Etat. Les américains semblent particulièrement apprécier ce thème. 

J'entre, persuadée de me plonger dans des toiles immenses vibrantes de lumière ! Je suis un peu déçue... Tout d'abord, le musée ne contient que 20% des oeuvres de l'artiste. Il est composé de six petites galeries. Ensuite, je n'ai pas retrouvé l'intensité des paysages parcourus ces derniers jours. Dommage !

 

 

 

 

San Miguel Chapel

 

Après ma visite du Georgia O'Keefe Museum, je flâne dans Santa Fe. Les gens se promènent, des peintres se sont installés sur la Plaza et à différents endroits. Je m'arrête devant des peintures représentants des chats. Je pense à ma mère qui serait enchantée de voir ces jolies têtes de matou ! L'artiste me parle et je lui explique que je suis française. Elle me répond en français ! Kiran a 80 ans et une énergie étonnante. Elle me parle des voyages qu'elle a fait et notamment de Marseille en 1963... Elle et son amie avait failli être kidnappée ! A l'époque la traite des blanches était très active. Kiran me donne son numéro et celui d'une amie à elle, francophone. Elle m'indique également une réunion de français ce jeudi au Mille. A suivre...

 

Je repars enchantée de cette rencontre et me dirige vers San Miguel, la plus ancien église des États-Unis. Selon la tradition orale, elle a été construite en 1610 par les Indiens Tlaxcalan. Au cours de ces 400 années d'existence, elle a eu plusieurs fonctions et a subit divers aménagements. J'aime l'atmosphère de ce lieu entièrement construit en adobe. La cloche de San José qui date de 1856 est exposée dans l'entrée. Sur les montants en bois qui la maintienne, sont cloués des ex-voto. Je demande à la guide de la chapelle s'il est possible de mettre une amulette. Elle me répond que oui et va chercher un coffret. Je choisis un œil. Je le cloue et fait une prière en remerciement de la guérison du cancer de maman.

 

 

 

 

 

Lundi

 

Aujourd'hui la météo annonce un grand soleil toute la journée mais des nuages se profilent assez tôt dans la matinée. C'est bien pour se promener et peut-être moins bien pour prendre des photos. Mais je suis déjà sur la route et ma curiosité me pousse à voir ces pétroglyphes qui se trouvent à la lisère d'Albuquerque, à une heure au sud de Santa Fe.

 

Devant les premiers pétroglyphes, je me demande comment je vais les photographier. Il me semble que l'on ne verra rien tant il sont petits et loin sur les rochers. À certains endroits, je mets un moment à les repérer... Petit à petit, mon œil s'habitue à chercher et je reconnais plus facilement les formes. Certains se confondent presque avec la couleur de la roche. Les plus anciens datent des Indiens Pueblos.

 

Cette chasse aux pétroglyphes commence à me plaire et à me toucher. Surtout lorsque je distingue des mains. Je trouve ce témoignage du passé bouleversant car il suffit que je regarde ma main et celle qui est représentée pour sentir un lien direct. Les mêmes mains constituées de cinq doigts se regardent d'un bout à l'autre de l'histoire...

 

 

 

Du 19 au 26

 

Mardi

 

Voici ma troisième semaine... Je poursuis la découverte des villages Indiens. Cette fois-ci, je vais à San Ildefonso Pueblo, baptisé ainsi par les colons espagnols. Le nom Indien est Tewa. Ce village n'a rien d'extraordinaire dans son architecture, contrairement à Taos dont les maisons sont traditionnelles. Ici, je suis devant une version moderne du Pueblo. 

Cependant, une chose me frappe, la présence de l'église catholique. Lorsque les espagnols sont arrivés, ils ont imposé leur foi au mépris de celle des indigènes. Intriguée, je discute avec une dame du village d'une quarantaine d'années qui m'explique qu'elle a suivi sa scolarité dans un établissement catholique. Elle me dit qu'aujourd'hui, sa foi englobe la religion catholique et les traditions de son peuple. Je tourne sa réponse très intéressante...

Une autre chose attire mon attention, la Black Mesa qui trône à l'arrière plan du village. La dame m'explique qu'elle ne s'en approche pas à cause d'une légende. Celle-ci raconte que l'esprit de la Black Mesa enlève les enfants. Je me demande si elle est accessible. En revenant, au parking, je pose la question au monsieur qui est à l'accueil du Visitor Center. Il me répond que la Black Mesa est un lieu sacré auquel personne n'accède sauf pour des cérémonies religieuses... 

 

 

 

Après-midi 

 

Après San Ildefonso, je me lance sur les traces de Georgia O'Keefe à Abiquiu où se trouve Ghost Ranch. Elle a peint de nombreuses oeuvres inspirées de ces paysages. Elle s'y rend pour la première fois en 1934 et y passe tout l'été. Elle y revient régulièrement jusqu'au jour où elle y achète une maison sur un lopin de terre.

 

Je suis émerveillée par la luminosité et les couleurs de la roche. Je comprends qu'un œil de peintre soit séduit par cette palette géante ! J'entame avec joie le Chimney Rock Trail qui aimante mon regard. Je vois, là-haut, un immense visage tourné vers la plaine... La nature est un tableau à contempler !

 

Je suis émue par les compositions naturelle que je croise au fil de ma progression. Des cactus, des roches sculptées par le vent mais aussi ces arbres dont subsiste un squelette... Dépouillés de feuilles, de sève, ils sont toujours là, témoins d'un vie qui a été et qui disparaît peu à peu. Je me souviens alors de la conception bouddhiste de la mort. Après la mort clinique, débute le voyage de l'esprit vers une autre vie et un autre corps. Il me semble que ces arbres vibrent d'une vie invisible. Je les trouve magnifiques ! Je leur rends hommage en les photographiant.

 

 

 

 

 

Soir

 

Je rentre de Ghost Ranch, prend une douche et repars. J'ai rendez-vous avec Cécilia, Sébastien, son mari et Daniel, un collègue à elle. J'ai échangé des messages avec Cécilia et Daniel avant mon arrivée. Ils m'ont aidé à préparer mon voyage, je les en remercie. La mère de Cécilia est une amie de Benoît, un ami... Une belle chaîne d'amitié des deux côtés de l'Océan !

 

Ce soir, je rencontre Cécilia, Sébastien et Daniel au Fogata Grill, au centre de Santa Fe. Je tourne un moment dans le quartier sans voir l'entrée. En effet, galeries marchandes et restaurants se trouvent parfois dans des patios. J'appelle Cécilia qui vole à mon secours... En fait, je suis à deux pas du Fogata ! 

 

 

 

 

Mercredi

 

Je pars à la découverte de Jemez Historic Site, niché dans les montagnes à 1h30 au nord de Santa Fe. Il s'agit d'un ancien village Indien dont il subsiste des ruines... Rien d'exceptionnel.

 

En revanche, je suis très intéressée par le film diffusé dans le centre d'accueil du site. Un Indien relate, dans sa langue natale, l'histoire de Jemez. Je suis choquée par les exactions commises par les moines fransicains. En arrivant ici, ils ont réduit en esclavage la population locale et l'ont convertie de force. Ils ont semé la terreur dans tout le Nouveau-Mexique sous prétexte d'évangélisation ! Je suis effarée ! Cela n'a rien à voir avec l'idéal de Saint-François d'Assise dont une des prières débute ainsi :" Dieu, fais de moi ton instrument de paix... ". 

 

Je comprends que ce type de comportements éloigne les gens de la religion. Je me souviens d'une phrase de Jamel Debbouze, en réponse à un journaliste qui lui demandait ce qu'il pensait du terrorisme islamiste : "Le terrorisme n'est pas la religion musulmane."

 

 À méditer...

 

 


 

 

L'Amour de Dieu

 

Je suis à Santa Fe depuis bientôt un mois et j'éprouve le besoin de faire un petit bilan... J'ai vu des paysages grandioses, rencontré des personnes sympathiques et dégusté des mets délicieux... J'ai prié et ai ressenti un transport spirituel dans certains endroits. Je sais que Saint-François m'accompagne ainsi que l'Esprit Saint et mon père. Je suis ici pour quelque chose s'accomplisse. Cela ne peut pas avoir lieu ailleurs, c'est une certitude. 

 

De toutes les rencontres, la pus profonde et la plus intense est celle de l'amour. Elle s'est produite le premier dimanche de mon arrivée lors de la messe dominicale à Saint Francis Church. Mon cœur a su que l'amour n'a aucune limite, que rien ne peut l'arrêter. Il est patience et silence. J'ai compris que le mal ne peut rien contre cet amour sans limite. J'ai su que pour éviter le mal, il suffit de se tourner vers cet amour, toujours. Il est le guide véritable.

 

Les semaines qui ont suivi, je suis allée à la messe au Sanctuiare de Chimayo. J'ai senti la force de la prière. En particulier, lorsque je me suis assise dans une chapelle où se trouve un tableau représentant douze chefs Indiens. Mon père et ma grand-mère étaient assis à mes côtés. J'aime faire une méditation qui consiste à parler avec mes ancêtres. Tout d'abord, je les appeler auprès de moi. Ma famille du ciel est toujours avec moi, ce n'était donc pas bien difficile ! Après, j'ai appelé les chefs Indiens. Ils m'ont écouté. Je leur ai demandé de me guider, de m'aider a répandre cet amour immense sur le monde. 

 

Dimanche dernier, j'ai assisté pour la seconde fois à la messe de Saint Francis Church... J'ai pleuré cette fois aussi et j'ai senti la présence quasi matérielle de Saint François et Sainte Claire à mes côtés. À un moment donné, j''ai fermé les yeux et il s'est produit une chose que je n'aurai jamais imaginé possible... J'ai vu l'Esprit Saint... Je ne sais pas comment expliquer cela... Mais je l'ai vu.

 

Je ne sais pas encore précisément ce qui doit s'accomplir mais je pense que c'est en rapport avec cet amour incommensurable. Il me semble que notre monde a besoin d'un amour sans limite, joyeux et porteur d'espérance ! Je pense que la religion catholique a besoin d'un amour vivifiant qui ne cherche pas à savoir s'il unit un homme et une femme exclusivement dans le cadre du mariage mais qui englobe tous les êtres que porte cette Terre créée par Dieu. La Création c'est l'amour de Dieu qui s'exprime. Donc, tout est amour. Il n'y pas de place pour le rejet des uns et l'inclusion des autres. Chaque être, chaque parcelle, chaque élément de cette Création est digne d'amour, puisque fruit de l'amour de Dieu...

 

La Mélodie de l'Amour

 

Ottmar Liebert a composé un album intitulé "In the arms of love", qui parle à mon cœur... Sa musique me fait l'effet d'un flot d'amour qui apaise mes tensions... Un peu comme un massage musical ! Je rêve de le voir en concert depuis des années mais il ne se produit pas en Europe. J'ai envoyé un mail à Ottmar en lui disant que je venais à Santa Fe. Il m'a indiqué le concert le plus proche... Le 14 septembre, à Beaver Creek dans le Colorado à 6 heures de route de Santa Fe. 

 

J'ai d'abord envisagé d'y aller en avion mais c'était trop cher. Ottmar m'a proposé de m'inscrire sur la liste des invités pour que je ne paie pas le ticket d'entrée. Une fois arrivé à Santa Fe, j'ai loué une voiture et ai pensé que, finalement, je pourrai faire la route bien que je ne sois pas une conductrice expérimentée... J'ai réservé un logement à Avon, non loin de Beaver Creek... J'étais prête à voir Ottmar Liebert en concert !

 

Et puis, il s'est mis à pleuvoir. J'ai envoyé un mail à Ottmar pour savoir si le concert serait annulé car il devait se dérouler à l'extérieur. Il m'a répondu que les organisateurs attendaient jusqu'à demain après-midi... Sauf que l'annulation gratuite de mon logement se faisait aussi ce mardi-là aussi ! J'ai surveillé la météo du Colorado... Et j'ai renoncé à prendre la route ! J'ai craint de ne pas arriver à conduire s'il pleuvait beaucoup...

 

Il a plu beaucoup et le concert a eu lieu... Je me souviens de cette pensée bouddhiste : "Les chose se réalisent quand les causes et conditions nécessaires sont réunies...". Dans ce cas, elles n'étaient pas tout à fait réunies...

Une prochaine fois ?

 

 


 

Jeudi

 

Je passe la journée à Santa Fe et visite les galeries. J'appelle une amie de La Croix des Martyrs qui offre un beau panorama sur la ville et en profite pour prendre une photo ensoleillée ! Que c'est doux de discuter avec Maryline en face time avec les montagnes du High Desert en arrière plan !

 

 

 

 

Vendredi

 

Mardi, sur la route de Ghost Ranch, j'ai vu un panneau indiquant "Abiquiu Lake". Je me suis dit que je reviendrai pour l'explorer... Un lac en plein désert, c'est miraculeux !

 

 

 

Cette journée est placée sous le signe de l'eau ! En sortant d'Abiquiu Lake, je vois un panneau indiquant "Rio Chama"... Je suis la route qui descend en lacet pour déboucher sur une petite centrale électrique... Rien d'enchanteur ! Je m'apprête à repartir quand une voiture passe devant moi et continue tout droit... Je ne vois rien... Qu'y-a-t-il ?

 

La piste de sable et de cailloux m'amène sur les rives du Rio Chama... Ravissant ! Des tables sont disposées à l'ombre des arbres... Quel luxe ! Une ombre fraîche ! Je reste un moment dans cette oasis cachée au cœur des montagnes...

 J'écoute le silence qui porte les murmures de l'eau...

 

 

 

Samedi

 

Je me rends au Indian Pueblo Cultural Center pour visiter le musée et voir un spectacle de danse traditionnelle. Une fois n'est pas coutume, je me fais prendre en photo avec les danseurs... 

 

 

 

 

Ce qui me touche dans ce musée, c'est la galerie "Grounded", enraciné. En effet, le Nouveau Mexique a été colonisé par les espagnols, les mexicains et les américains. Chacun a voulu imposé sa culture au détriment de celle des Indiens et les a réduit en esclavage. Des pensionnats à la discipline militaire pour garçons et pour filles visaient à faire oublier leurs langues et leurs traditions aux Indien en les coupant de leur tribus et de leurs langues maternelles. Les punitions corporelles faisaient parties de "l'éducation". Lorsque les parents refusaient que leurs enfants aillent dans ces établissements, ils étaient sévèrement punis.

 

Cette négation de la vie ancestrale des Indiens a provoqué de nombreuses dépressions, des addictions à la drogue et à l'alcool ainsi que des suicides. Ce phénomène est toujours vrai... Aujourd'hui, les Indiens ont les mêmes droits que les autres citoyens américains. Des territoires, qui correspondent à leur implantation initiale, leur ont été restitué. Ce sont les réserves. Pour visiter la plupart d'entre elles, il faut payer un droit d'entrer et suivre un parcours défini.

 

L'Indian Pueblo Cultural Center est situé à Albuquerque à une heure au sud de Santa Fe. Il est imbriqué dans un quartier moderne entièrement dédié au développement économique et culturel des Indiens. Les efforts des politiques actuelles pour rétablir la dignité et l'autonomie de cette population n'effacent pas toutes les blessures...

 

Dans l'Indian Pueblo Ciultural Center un espace est dédié à la libre expression de chacun. La question posée aux natives est qu'est-ce qui m'enracine ? Voici quelques réponses... 

 

 


 

 

Dimanche 24 septembre 2023

 

Tu t'assois à mes côtés,

Tu glisses ta main dans la mienne,

Je sens ta chaleur.

 

Tu ne peux pas essuyer mes larmes

Mais tu m'accompagnes de l'invisible,

Tu souries.

 

Tu aurais 78 ans aujourd'hui,

Je t'offre en cadeau toutes les beautés que je vois,

Tu es heureux.

 

Je t'aime, Papa.

 

 

 

Sur le chemin du retour, je passe par la Plaza. J'aime traverser cet espace le matin et le soir. Il est toujours vivant. Soudain, j'entends les pulsations d'un tambour... Je m'approche... Et je découvre une danseur et un chanteur Indiens.

 

J'avais discuté avec eux dimanche dernier. Le danseur m'avait expliqué la signification de son costume et des pas qu'il exécute. Après coup, je m'étais demandée pourquoi le duo choisissait précisément le centre de la Plaza pour se produire. J'avais alors pensé qu'il devait y avoir une symbolique qui m'échappait...

 

Je crois avoir compris... Ils se placent devant un piédestal sur lequel était posé une obélisque célébrant la victoire de soldats de l'Union contre les Indiens, qualifiés de "sauvages" sur la plaque commémorative. Cette dernière avait été endommagée à plusieurs reprises depuis 1866. Le 12 octobre 2020, lors de la Journée des Peuples Autochtones, qui connaît un franc succès dans tout le Nouveau-Mexique, l'Obélisque a été renversée.

 

Je regarde les deux jeunes gens et lève les yeux... En effet, seul subsiste le piédestal... 

Une victoire pour les premiers habitants du continent ?...

 

 

 

Je souris...

À travers mes yeux tu vois ces jeunes Indiens affirmer leur place dans la société américaine actuelle...

Et tu aimes ça !

Papa...

 

 


 

 

Fred et Robin, les propriétaires de la maison que j'occupe, sont de passage à Santa Fe jusqu'à demain.

 

À 17 heures, ils viennent me chercher pour dîner au Tres Colores. Puis, à 19h30, ils m'invitent au concert de Foy Vance, un chanteur Irlandais dont la puissante voix m'emporte vers des landes battues par le vent... Fred l'a découvert il y a longtemps en Angleterre et l'a vu plusieurs fois sur scène.

 

Bonnie Bishop assure la première partie. Je suis charmée par sa voix qui me rappelle celle de Norah Jones avec quelques accents rocailleux. Elle chante de la Country Rock du Texas... Je suis surprise que ce style me plaise ! Rien à voir avec les clichés que ma mémoire pioche dans les films américains ! Son chant est subtil, doux et poétique...

 

Je suis ravie de cette belle soirée en compagnie de Fred et Robin ainsi que de tout ce que je découvre !

Merci pour ces merveilleux cadeaux !

 

 

 

 

Du 26 septembre au 3 octobre

 

Ma quatrième semaine débute. Dans un mois, je rentre en France. Je me trouve donc à mi-parcours... Le temps passe vite ! Et je n'ai aucune envie de rentrer...

 

Ce matin, je pars à pied en direction de l'Ikonic de Guadalupe Street... J'adore cet endroit ! Juste à côté, se trouve le New Mexico Museum of Art qui propose de l'art contemporain. La thématique principale est la lumière. Elle est traitée avec des matériaux et des axes de recherches modernes. Cela peut dérouter et j'aime ce sentiment de nouveauté. L'apparition de la photographie permet d'explorer d'autres formes de représentations d'un thème omniprésent dans l'Histoire de l'Art comme celui de la lumière.

 

Au rez-de-chaussée sont exposées des bustes qui me rappellent les scultupres tribales des Indiens. Je suis séduite !

 

 

 

 

 

En 1531, au nord de Mexico la Vierge Maire apparaît à Juan Diego, un jeune indigène baptisé depuis peu. Elle le charge de demander à l'Evêque la construction d'une Église sur les lieux de l'apparition. Devant l'indrédulité du prélat, Juan Diego demande un signe. Le 12 décembre, Marie l'envoie cueillir des roses au sommet de la colline. Il remplit son manteau des plus belles roses qu'il ait jamais vu en hiver. Il se présente à l'évêque et ouvre son manteau devant l'assemblée stupéfaite. L'image de Marie est gravée sur le tissu. 

 

Le Sanctuaire Notre Dame de Guadalupe à Mexico accueille près de 20 000 000 de personnes dont presque la moitié le 12 décembre. Elle est proclamée Impératrice des Amériques en 2000.

 

 

 

 

 

Soir

 

Avant de rentrer, je fais une halte au belvédère de Santa Fe pour prendre quelques photos du crépuscule. Des amoureux et des familles, assis sur des couvertures ou des chaises de camping, sirotent un verre ou dînent en regardant le soleil se coucher entre les montagnes... 

 

 

 

 

Mercredi 

 

Je reste à la maison... Je me repose à l'ombre des arbres du jardin et trie les dernières photos... Demain, je pars à Alamogordo.

 

 

 

Jeudi

 

J'arrive à Alamogordo après 3h30 de route au sud de Santa Fe. L'artère principale de cette ville est bordée d'hôtels et de restaurants sur une dizaine de kilomètres. Tout autour le désert... J'aime cette ambiance...

 

Aucune harmonie dans les bâtiments aux enseignes diverses qui semblent posés au hasard... Au premier abord, la plupart d'entre eux paraissent fermés... Mais il suffit de pousser une porte pour trouver toute une vie rafraichit par la climatisation ! Des gens déjeunent dans des salles aux fenêtres obstruées pour éloigner la chaleur... Ashley, la serveuse du "Si Senor" a une amie française mariée à un américan. Je me demande comment elle a connu son mari...

 

À l'hôtel, je vois des ouvriers et des familles en vacances venues visiter White Sands. Le gouvernement américain a installé une base militaire dans ce désert où la bombe atomique a été concue. Cela m'attriste de penser que le silence de cet endroit puisse être troublé par de funestes activités...

Le soir, je prends une photo de la fenêtre de ma chambre... Je pense à Thelma et Louise depuis que je suis arrivée ici... J'aimais beaucoup ce film quand j'étais adolescente... Il avait un parfum de liberté !

 

 

 

 

Vendredi

 

Me voilà enfin à White Sands ! J'avais vu des photos magnifiques de ce désert de gypse en préparent mon voyage et je rêvais de le sillonner ! J'y passe la matinée et la soirée. J'ai la chance de pouvoir faire une randonnée au crépuscule et d'assister à un concert pour la pleine lune. En dehors, de ces événement rares, la partie du désert accessible aux visiteurs est fermée après 17h.

 

 

De 9h à 12h

 

Sous un soleil implacable, je découvre cette étendue immaculée... Je n'en avais jamais vu avant ! La lumière est éclatante et le silence saisissant. Au loin, se dessinent les silhouettes bleues des Sacramento Mountains.

 

Je me tais et je contemple...

 

 

 

 

18H

 

Le programme de White Sands propose des randonnées au crépuscule guidées par un ranger. Je suis ravie de retrouver le désert après un plongeon dans la piscine de l'hôtel et une sieste... La lumière s'adoucit et la température aussi... Je prends le temps d'admirer la végétation. Cela me semble incroyable que des plantes poussent ici... Elles semblent tellement fragiles !

 

 

 

20h

 

Par cette nuit de pleine lune, un concert au milieu du désert est proposé.

 

Installée dans une chaise de camping prêtée par Fred et Robin, je savoure le doux halo de l'astre en écoutant l'échos lointain de la musique sous une brise fraîche... Bonheur !

 

 

 

 

Samedi 

 

Après un délicieux breakfast à l'hôtel, je pars pour Las Cruces à une heure au sud d'Alamogorodo. Une heure de plus et je suis à la frontière mexicaine ! Mais je ne souhaite pas aller plus loin.

 

En arrivant à Las Cruces, une chaleur de plein été m'accueile. Heureusement, un vent léger souffle qui rend les températures supportables. Je me dirige vers le centre ville où une surprise m'attend... C'est la fête ! Les gens déambulent tranquillement entre les stands.

 

Je trouve un banc à l'ombre pour écouter un des chanteurs qui jalonnent la rue. Il entonne "Hallélujah" de Léonard Cohen... Et j'entends la reprise de Jeff Buckley... Je l'avais vu au Eurokéenne de Belfort dans les années 90, peu avant son décès... Je revois cette apparition angélique sur la scène et le moment où, les yeux fermés, sa voix s'est envolée vers les étoiles... 

 

 

 

 

Du 3 au 10 octobre

 

Mardi - Mercredi

 

Voici ma cinquième semaine au Nouveau-Mexique... J'ai du mal à réaliser que je vais devoir partir !

L'automne commence à dorer les feuilles des arbres... Elles scintillent sous le soleil... Il faudra que je prenne des photos !

 

 

Jeudi - Vendredi

 

Je me promène dans Santa Fe et je glane, au hasard des rues, des souvenirs d'automne. Les Cottonwood Trees ornent rues et jardins de leurs feuilles ors et pourpres sur fond de ciel azur... Une joie pour les yeux et le coeur !

 

 

 

 

 

Vendredi

 

L'architecture des maisons de Santa Fe me réjouit toujours ! Les couleurs d'automne rehaussent les teintes brunes des façades.

 

 

 

Samedi

 

Je déjeune avec François accompagné de Tosca, sa chienne. Nous nous retrouvons au Clafoutis, une boulangerie-restaurant tenu par des français. Tosca me dit bonjour avec effervescence ! Elle a des yeux vifs et tendres. Mais je suis habituée aux chats et le contact direct, naturel à certains chiens me déconcertent un peu... J'ai besoin d'une petite distance !

 

Après ces salutations canines affectueuses, Francois et moi conversons lorsqu'une vendeuse du Clafoutis interpelle un client en français... François me dit :"Ici, c'est la petite France !". J'ai l'impression que ce phénomène s'étend à tout Santa Fe... Avant de partir, j'ignorais qu'il y avait autant de français ici !...

 

 

 

Dimanche

 

Je pars pour Bloomfield qui se situe à 3h00 de route au nord-ouest de Santa Fe. Je prends quelques photos en chemin...

 

 

 

 

Bloomfield est essentiellement constituée d'hôtels, de restaurants et de pompes à essence ! Comme à Alamogordo, de larges avenues sont bordées de bâtiments, arborant différentes enseignes, qui semblent clos de l'extérieur... Mais il suffit de pousser une porte pour tourner une vie fleurissante !

 

Bloomfield est un carrefour entre l'Arizona, le Colorado et le Nouveau-Mexique où transitent des véhicules jour et nuit. J'arrive à l'hôtel Super 8 et suis agréablement surprise par la chambre qui m'a été attribuée !

 

 

 

 

Lundi matin

 

Chaco Canyon se trouve à un peu plus d'une heure de Bloomfield où est mon hôtel. Le trajet est composé de 30 minutes d'US Highway et de 45 minutes de piste dont une partie est innondable ! Il est nécessaire de consulter le site internet de Chaco Canyon avant de partir et, en particulier, les alertes. Ces dernières informent également des fermetures dues aux cérémonies des Indiens modernes. En effet, ce site reste un lieu de pèlerinage et de connexion aux ancêtres.

 

L'éclosion culturelle du peuple chacoan a commencé dans les années 800 et a duré plus de trois siècles. Chaco Canyon était un important centre politique, économique et culturel. Les "grandes maisons", édifiées sur plusieurs étages et comportant des centaines de chambres, ainsi qu'un réseau routier complexe de quatre voies, témoignent de la convergence des tribus pour participer aux cérémonies et aux échanges commerciaux. Certains bijoux en turquoise, considérée comme très précieuse à cette époque, permettent d'envisager des échanges avec les toltèques. 

 

Nous sommes bien loin des clichés des films hollywoodiens montrant des Indiens vivants sous des tentes !

 

 

 

 

Soir

 

Dimanche, à une demi-heure avant d'arriver à Bloomfield, j'ai vu un panneau indiquant Angel Peak... Poussée par la curiosité, je m'y rends dès le lendemain soir. Ce site est constitué de sédiments qui se sont déposés il y a environ 50 million d'années et conservent des fossiles de lézards, de crocodiles, de poissons et de divers mammifères.

 

Je suis fascinée par ce "badland" hostile à toute vie humaine... Au loin, Angel Peak se dresse telle une cathédrale ! Le silence statique de la roche impose un respect d'une autre dimension.

 

 

 

 

 

 

Semaine du 10 au 17 octobre

 

Mardi

 

Dans deux semaines, je quitte le Nouveau-Mexique... Je profite du temps qui me reste pour découvrir ou revoir des endroits. Je suis toujours à Bloomfield. Ce matin, je reviens à Angel Peak... Je suis fascinée par ce badland !

 

Je suis un chemin qui s'enfonce légèrement dans le cratère... Je découvre là toute une vie végétale colorée et fragile... Où l'humain ne survivrait pas, la nature trouve ce qui est nécessaire à sa survie. La silence statique qui m'entoure est vertigineux.

 

Mon corps s'alourdit. J'ai la sensation qu'il se vide vers le bas. Toutes mes énergies s'évaporent. J'ai l'impression que mon centre de gravité est dans mes pieds, comme attiré par un aimant qui se trouverait au centre de la Terre. Soudain, je comprends la force d'attraction de la nature... Et la valeur sacrée qu'elle a pour les Indiens.

 

L'invisible et l'indiscible agissent sur mon corps et mon esprit.

 

 

 

 

 

Après-midi

 

Après avoir passé la matinée, à explorer Angel Peak, je pars pour Aztec visiter les ruines d'un ancien village Indien. Le site est de taille modeste. Il présente toutefois un intérêt particulier... En effet, j'ai la joie de découvrir la reconstitution d'une Kiva ! Après avoir vu Chaco Canyon, je regrettais l'absence de reconstitution des bâtiments. 

 

J'aime l'ambiance de cette Kiva... À l'aide du livret qui m'a été fourni au visitor center, je parviens à imaginer la fonction sacrée du lieu. Ici, les Indiens d'aujourd'hui organisent toujours des cérémonies et se relient à leurs ancêtres.

 

 

 

 

 

À côté d'Aztec Ruins se trouve un joli parc garnit de cottonwood... J'écoute le chant de leurs feuilles caressées pas le vent.

 

Douce mélodie qui ravive dans ma mémoire les souvenirs d'automnes alsaciens. Avec Mme Rinner, mon institutrice de CP et CE1, nous allions ramasser des feuilles dont les ors et les rouges ravissaient mes yeux... J'aimais ces sorties qui avaient un goût de vacances !

 

 

 

Mercredi

 

Avant de rentrer à Santa Fe, je me lève à l'aube pour prendre quelques photos d'Angel Peak... Malgrè le vent vif, je suis émerveillée !

 

 

 

 

 

 

Jeudi

 

Mardi prochain, je quitte le logement de Santa Fe pour aller à Pecos. Avant de partir, je souhaite déjeuner une dernière fois à l'Izanami que j'avais découvert grâce à Yvonne et Léonard en septembre. J'arrive un peu en avance et m'assoie sur une banquette, dans l'entrée. Deux dames prennent place à mes côtés. 

 

Nous commençons à discuter. Cindy et Barbara vivent dans le Missouri. Elles me montrent leur maison et je leur parle des bastides qui jalonnent le Tarn. Elles me proposent d'échanger nos maisons... Oh ! La proposition est-elle sérieuse ?... Elles me disent que oui... Nous continuons à bavarder et Barbara me montre une vidéo prise sur la route qui conduit à la station de ski à 30 minutes de Santa Fe. Elles m'informent de l'existence du Vista Grande Overlook. 

 

Je décide d'explorer cette route de montagne. Au hasard, je fais une halte à l'Aspen Vista et entame une randonnée... L'air vif, le ciel azur et l'or des Aspen m'enchantent ! Quel bonheur ! Quelle beauté !... Je me repose un instant sur un rocher qui offre un superbe panorama... Et une petite bête qui ressemble à un peu à un écureuil me tient compagnie... Je lui dis combien il est mignon... Il se gratte le ventre avec sa patte arrière et me regarde...

 

Quel charmant compagnon !

 

 

 

 

 

Samedi

 

Je me lève à 2h du matin pour partir à 3h. Je souhaite arriver à Albuquerque à 4h pour assister au Hot Air Balloon Festival, un évènement très prisé ici. 

 

Après une heure de route, j'entre dans la ville dont les artères sont déjà bouchées par des files interminables de véhicules ! Heureusement, j'ai opté pour le Park and Ride ! Je gare ma voiture sur un parking à la périphérie et j'attends le bus avec des centaines de gens. La ville d'Albuquerque a mobilisé tous les bus scolaires pour le ramassage des festivants.

 

J'arrive dans le parc à 5h30, juste à temps pour assister aux premières festivités. Des drones dessinent des dessins lumineux dans la nuit qui présentent les attractions et les symboles locaux. Ensuite, des montgolfières commencent leur ascension dans les ténèbres, illuminées de l'intérieur par une flamme.

 

À 7h débute l'envol de masse des montgolfières. Pendant ce temps, le soleil se lève... J'aime ce moment où la nuit se retire doucement pour laisser la crête des Sandia Mountains rosir... Les pilotes préparent les montgolfières et je peux voir de près comment ils procèdent. Des gens affluent sans cesse depuis deux heures. J'apprécie l'ambiance "festival". Nous sommes en plein air, ça sent la saucisse grillée comme à la fête de l'huma et les familles s'installent tranquillement sur l'immense espace vert...

 

J'aime ces gens de toutes les couleurs, venus des quatre coins du monde dont les regards s'accrochent au ciel bleu ! C'est beau toutes ces montgolfières qui s'envolent, multicolores et légères, comme des promesses d'espoir...

 

À 9h00 débute l'éclipse partielle. Grâce aux lunettes qui sont fournis à l'entrée du parc, je peux voir la lune passer devant le soleil. Quand elle est en face, elle occulte l'astre en partie, laissant luire un parfait anneau d'or. À ce moment précis, un frisson collectif et un murmure d'admiration parcourent la foule... Que c'est agréable de me sentir relier aux autres humains par une même émotion qui se passe de mots !

 

Merci.

 

 

 

 

Dimanche

 

J'ai rencontré Cindy et Barbara en attendant l'ouverture de l'Izanami quelques jours auparavant. Avant de les retrouver, à 9h au Mille, une boulangerie-restaurant tenu par une française, je vais admirer le lever du soleil dans la montagne.

 

 

 

 

 

 

Semaine du 17 au 24 octobre

 

Mardi

 

Pour ma dernière semaine au Nouveau-Mexique, je quitte la maison d'East Palace Avenue pour me rendre à Pecos à 30 minutes au sud-est de Santa Fe. Ce village de montagne compte 1400 habitants dont une majorité de Latinos. J'arrive au 5 Camino Gemma, dans un studio aménagé à l'arrière d'une maison. J'ai la chance d'avoir une cour d'où je peux contempler le ciel...

 

Sous la thangka dédiée à une parole du Dalaï Lama accrochée au mur par les propriétaires, je dispose une bougie de La Vierge de Guadalupe et des images de saints que j'avais sur la table de chevet d'East Palace Avenue. J'ai ainsi un petit autel multi-religieux !

 

 

 

 

 

 

Mercredi

 

Je reviens à Aspen Vista pour une séance de photos. J'ai envie de garder un souvenir de mon voyage et d'être photographiée par un professionnel. J'adore l'idée d'une séance dans la nature ! Je retrouve Dham Khalsa à 16h30 qui est arrivé un peu en avance pour repérer les lieux. Le grand ciel bleu se charge d'une nappe nuageuse... J'espère que cela n'altèrera pas la luminosité des photos !

 

Nous achevons la séance vers 18h. J'ai aimé cette rencontre avec Dham Khalsa qui a su se mettre à l'écoute de mon souhait de faire des photos au milieu des aspens, dans un lieu fréquenté par les marcheurs. Cela lui a demandé une certaine patience... Merci !

 

En rentrant, je prends à mon tour quelques photos du soleil couchant sur Santa Fe... Instant magique ! En faisant une halte, j'aperçois une biche qui broute entre les maisons. Je suis saisie par sa beauté ! Je m'approche doucement... Elle me regarde. J'aimerais que ces instants dure toujours.

 

Je sens à quel point les animaux ont des choses à nous dire qui se trouvent au fond de leurs yeux, dans la profondeur de leur respiration, dans le silence qui nous relie.

 

 

 

 

 

 

Jeudi Matin

 

Je suis impatiente de découvrir la nature qui m'entoure. Au nord, une seule route s'enfonce dans les Sangre Christo Mountains. Elle est jalonnée d'aires de picnics et de campings, le long de la Pecos River.

 

Je fais une première halte au Monastery Lake, à 5 minutes de Pecos. Je goûte la douceur de l'air que le soleil réchauffe peu à peu. À 10 heures, l'or des aspens se déploient sur le ciel azur. Tout est calme... Tout rayonne ! Je poursuis ma promenade en m'arrêtant à divers endroits de la rivière. Retrouver l'eau, après l'aridité du High Desert, me fait du bien...

 

J'écoute son chant.

 

 

 

 

 

Soir

 

En fin d'après-midi, je retourne dans la montagne voir le soleil couchant. En cours de route, j'aperçois des biches qui broutent dans un cimetière. Doucement, je me gare et descends de la voiture. J'attire l'attention de certaines, qui reprennent leur activité après avoir constaté que je suis inoffensive.

 

Jamais, je n'aurai pensé avoir la chance d'observer aussi longtemps ces animaux majestueux. Ils sont très nombreux et protégés dans les Sangre Christo Mountains. J'en ai aperçu seul ou en groupe, dévalant la montagne ou broutant entre les maisons aux abords de Santa Fe. Mais, là... J'ai l'opportunité de les contempler de près pendant près de 15 minutes. J'en suis très émue !

 

 

 

 

 

Vendredi

 

Le Pecos National Historic Park correspond à l'ancien village Indien.

 

Tout le secteur est habité depuis la préhistoire. À partir de 1200, la population augmente et les villages se multiplient. Progressivement, les habitants des Pueblos se regroupent en une seule grande colonie à Pecos Pueblo. Le commerce fleurit, ce qui attire les conquistadors au milieu du XVIème siècle. Des missions fransicaines s'implantent et assujettissent la population Indienne qui décline jusqu'en 1700. Les principaux vestiges de ce passé sont quelques fondations de maisons, deux kivas et l'église construite par les fransicains. 

 

 

 

 

 

Depuis que je suis arrivée au Nouveau-Mexique, je suis intriguée par ce "Las Vegas" que je vois sur certains panneaux. Cette ville se situe à une heure de route à l'est de Pecos. Pour y accéder, il faut contourner les Sangre Christo Mountains. 

 

Je me gare et me dirige vers le vieux Las Vegas... Je découvre un décor qui réveille des souvenirs de cinéma en technicolor ! Je vois au bout de Bridge Street la silhouette de John Wayne, les jambes arquées, l'œil furtif qui rase le bord de son chapeau et la main prête à dégainer ! J'entends même la musique de suspens qui accompagne ces scènes de règlements de compte dans les westerns...

 

Las Vegas a été construite en 1835 par un groupe de colons qui a reçu des terres du gouvernement mexicain. Les bâtiments anciens sont de styles espagnols. Ils entourent la Plaza, servant de fortifications en cas d'attaques. Il semble que le temps se soit arrété... Certaines devantures et façades sont poussièreuses et encombrées d'un tas d'objets qui paraissent oubliés.

 

Las Vegas s'accroche à son passé.

 

 

 

 

 

Samedi Matin

 

Quand j'ai préparé mon voyage au Nouveau-Mexique, je souhaitais l'achever par une retraite au Monastère Our Lady of Guadalupe de Pecos. Malheureusement, je n'ai pas pu réserver de chambre. Tenant tout de même à m'éloigner de Santa Fe et à me rapprocher de la montagne, j'ai loué un appartement dans ce village.

 

Ce matin, je vais visiter le Monastère bénédictin qui se trouve à 10 minutes de mon logement. Je me recueille quelques instants dans la chapelle où flotte une odeur de bois frais et de cierge. J'écoute le silence...

 

 

 

 

 

Après-Midi

 

J'ai entendu parlé d'un ranch ayant appartenu à Jane Fonda... Je suis intriguée et me renseigne un peu plus... Je découvre que Forkened Lightening n'appartient plus à l'actrice qui l'a cédé à Val Kilmer... Qui lui-même l'a vendu à son propriétaire actuel qui ne veut pas dévoiler son identité...

 

Voici l'histoire de Forkened Lightening... En 1858, un immigrant polonais, Martin Kozlowski a construit un poste de traite et une gare routière le long du sentier de Santa Fe. Pendant la guerre civile, ce lieu devient un quartier général et un hôpital.

 

En 1925, Tex Austin achète la propriété Kozlowski est la baptise Forkened Lightening. L'architecte Meem construit le ranch dans le style Pueblo Revival. Il élabora aussi le plan des maisons de Santa Fe dans le même esprit. Tex Austin exploite le ranch en tant qu'hôtellerie de luxe pendant 7 ans.  

 

En 1941, Buddy Folgeson, un pétrolier et éléveur texan achète la propriété et l'étend à 18 000 acres. Pendant quarante ans, il passa tous les étés dans le ranch avec son épouse, l'actrice anglaise Greer Garson. Aujourdh'ui cette propriété appartient au National Hisotric Park de Pecos. Il se visite sous la conduite d'un ranger bénévole.

 

Et, la propriété ayant appartenu à Jane Fonda se trouve un peu plus loin !

 

 

 

 

 

Après la visite du ranch sous le soleil du High Desert, je retrouve avec plaisir la fraîcheur de la Pecos River et des aspens.

 

 

 

 

Lundi

 

Mon séjour au Nouveau-Mexique touche à sa fin !... Je suis arrivée le 29 août et je prends l'avion demain, le mardi 24 octobre... Cela me parait étrange de penser que je ne verrai plus ces rues, ces paysages, les gens que j'ai rencontré... 

 

Je fais un dernier tour sur La Plaza à Santa Fe... Et l'actualité se rappelle à ma mémoire ! Une manifestation se déroule concernant le conflit entre Israël et la bande de Gaza... Je pense aux victimes des guerres... Je pense à l'Ukraine et à Vesta, une artiste originaire de Kiev... J'espère qu'elle est toujours en vie...

 

Je pense aux pères, aux mères, aux fils, aux filles, aux sœurs, aux frères, aux maris, aux épouses qui se posent la même question en ce moment : "Est-il... Est-elle toujours en vie ?...". J'entends le silence qui répond à leur interrogation. 

 

Il est foudroyant.